Stratégie de contenu

Netflix et le

cheeseburger gourmet

Ce matin, en écoutant d'une oreille distraite France Info, je tombe sur un terme glaçant : blockbusters algorithmiques. Netflix dévoile un pan de sa stratégie — produire des films qui n’ont pas vocation à vous scotcher au fond du siège, mais plutôt à être suivis d’un œil distrait, en fond sonore.

Blockbuster algorithmique

La consigne donnée aux scénaristes est limpide : faire en sorte que les personnages annoncent ce qu’ils sont en train de faire. Bref, un cinéma calibré pour ceux qui scrollent leur téléphone ou font la cuisine en parallèle.

 

Comme le résume le Guardian :

“A flood of formulaic and aesthetically generic films... prioritizing broad appeal, easy comprehension, and second-screen viewing compatibility.”

 

On parle de contenus “bâtis pour ne pas exiger une attention soutenue”. On maximise la consommation passive sans effort créatif audacieux.

 

The Electric State c’est l’exemple parfait : esthétique générique, scénario consensuel, pensé pour le plus grand nombre… et souvent regardé en diagonale. Derrière, ce sont les données qui dictent : clics, abandons, pauses, microcatégories populaires.

Pour les content managers, que retenir ?

C’est un pivot stratégique assumé : la facilité de consommation peut primer sur l’impact créatif. Et sur les réseaux sociaux, les créateurs ont déjà pris cette direction avec des formats lazy-friendly :

  • les lo-fi beats ou playlists chillhop qui tournent sans vraiment être “écoutées”,
  • les vidéos satisfaisantes ou ASMR (slime, savons découpés…),
  • les lives fleuves où l’on dessine, bricole ou colle des faux ongles.

Des contenus qui ne cherchent pas à capter… mais à accompagner.

 

La tentation est réelle, mais la pratique encore timide. Podcasts compagnons, formats de “présence douce”, lives permanents…Dans ce cas de figure la marque ne capte pas l’attention comme avec un spot percutant, mais elle accompagne. Elle devient compagnon de micro-moments, sans prétention ni interruption. Tout cela reste fébrile car il y a toujours la logique d'oprimisation des camapgnes qui plane dans les équipes créatives.

Désirabilité, usage ou qualité ?

On pourrait distinguer trois piliers pour nos futurs contenus qui seraient autant de paris sur la réussite du format (ou pas).

 

Désirabilité : Le format doit donner envie, même sans attention active — une intro accrocheuse, une ambiance identifiable, une thématique ultra-affinitaire..

 

Facilité d’usage : Le contenu doit être lazy-friendly : simple à lancer, à consommer, sans seuil d’entrée.

 

Qualité : Elle compte toujours. Même en fond, un son clair, une image soignée, une émotion subtile font revenir vos cibles plus facilement.

 

Le vrai défi est l’équilibre : Trop facile, le contenu devient inutile. Trop travaillé, il demande trop d’attention. Trop catchy, il ne permet pas de transformer.

C’est peut-être là que Netflix trace une piste avec son modèle de cheeseburger gourmet : un flux régulier de productions consensuelles, emballées proprement, suffisantes pour fidéliser.

Le cheeseburger gourmet

Netflix a adopté il y a quelques années, ce qu’ils appellent le modèle du cheeseburger gourmet. Comme j’adore le recours à la métaphore, on va essayer de la filer. Le cheesburger Gourmet c’est donc :

 

Servir un produit de masse, mais présenté avec assez de soin pour donner l’illusion de qualité. Pas besoin de haute gastronomie (les chefs-d’œuvre du cinéma). L’important, c’est :

  • que ce soit immédiatement reconnaissable — on sait ce qu’on commande ;
  • facile à consommer — pas d’effort, avec les doigts ;
  • et assez “soigné” pour ne pas être déconsidéré — comme du fast-food bas de gamme.

 

Autrement dit, ce n’est pas un burger du McDo, mais ce n’est pas non plus un menu étoilé. C’est un équilibre un peu rassurant : un produit simple, optimisé, régulier, “instagrammable” parfois… mais pas inoubliable.

La question de l’attention

L’enjeu pour nous, concepteurs, n’est plus : “Faut-il capter l’attention ?”

Mais bien : “Peut-on créer des formats désirables, sans sacrifier la qualité, pensés pour ceux qui ne regardent qu’à moitié — et les fidéliser comme ça ?”

 

Vous avez deux heures. Merci, Netflix.

33 Rue Pierre Semard, 69600 Oullins-Pierre-Bénite

Made in Lyon

Stratégie de contenu

Netflix et le

cheeseburger gourmet

Ce matin, en écoutant d'une oreille distraite France Info, je tombe sur un terme glaçant : blockbusters algorithmiques. Netflix dévoile un pan de sa stratégie — produire des films qui n’ont pas vocation à vous scotcher au fond du siège, mais plutôt à être suivis d’un œil distrait, en fond sonore.

Yannick Silvente

Stratège contenu - Fondateur

4 min de lecture

Insights production

2025

Blockbuster algorithmique

La consigne donnée aux scénaristes est limpide : faire en sorte que les personnages annoncent ce qu’ils sont en train de faire. Bref, un cinéma calibré pour ceux qui scrollent leur téléphone ou font la cuisine en parallèle.

 

Comme le résume le Guardian :

“A flood of formulaic and aesthetically generic films... prioritizing broad appeal, easy comprehension, and second-screen viewing compatibility.”

 

On parle de contenus “bâtis pour ne pas exiger une attention soutenue”. On maximise la consommation passive sans effort créatif audacieux.

 

The Electric State c’est l’exemple parfait : esthétique générique, scénario consensuel, pensé pour le plus grand nombre… et souvent regardé en diagonale. Derrière, ce sont les données qui dictent : clics, abandons, pauses, microcatégories populaires.

Pour les content managers, que retenir ?

C’est un pivot stratégique assumé : la facilité de consommation peut primer sur l’impact créatif. Et sur les réseaux sociaux, les créateurs ont déjà pris cette direction avec des formats lazy-friendly :

  • les lo-fi beats ou playlists chillhop qui tournent sans vraiment être “écoutées”,
  • les vidéos satisfaisantes ou ASMR (slime, savons découpés…),
  • les lives fleuves où l’on dessine, bricole ou colle des faux ongles.

Des contenus qui ne cherchent pas à capter… mais à accompagner.

 

La tentation est réelle, mais la pratique encore timide. Podcasts compagnons, formats de “présence douce”, lives permanents…Dans ce cas de figure la marque ne capte pas l’attention comme avec un spot percutant, mais elle accompagne. Elle devient compagnon de micro-moments, sans prétention ni interruption. Tout cela reste fébrile car il y a toujours la logique d'oprimisation des camapgnes qui plane dans les équipes créatives.

Désirabilité, usage ou qualité ?

On pourrait distinguer trois piliers pour nos futurs contenus qui seraient autant de paris sur la réussite du format (ou pas).

 

Désirabilité : Le format doit donner envie, même sans attention active — une intro accrocheuse, une ambiance identifiable, une thématique ultra-affinitaire..

 

Facilité d’usage : Le contenu doit être lazy-friendly : simple à lancer, à consommer, sans seuil d’entrée.

 

Qualité : Elle compte toujours. Même en fond, un son clair, une image soignée, une émotion subtile font revenir vos cibles plus facilement.

 

Le vrai défi est l’équilibre : Trop facile, le contenu devient inutile. Trop travaillé, il demande trop d’attention. Trop catchy, il ne permet pas de transformer.

C’est peut-être là que Netflix trace une piste avec son modèle de cheeseburger gourmet : un flux régulier de productions consensuelles, emballées proprement, suffisantes pour fidéliser.

Le cheese burger gourmet

Netflix a adopté il y a quelques années, ce qu’ils appellent le modèle du cheeseburger gourmet. Comme j’adore le recours à la métaphore, on va essayer de la filer. Le cheesburger Gourmet c’est donc :

 

Servir un produit de masse, mais présenté avec assez de soin pour donner l’illusion de qualité. Pas besoin de haute gastronomie (les chefs-d’œuvre du cinéma). L’important, c’est :

  • que ce soit immédiatement reconnaissable — on sait ce qu’on commande ;
  • facile à consommer — pas d’effort, avec les doigts ;
  • et assez “soigné” pour ne pas être déconsidéré — comme du fast-food bas de gamme.

 

Autrement dit, ce n’est pas un burger du McDo, mais ce n’est pas non plus un menu étoilé. C’est un équilibre un peu rassurant : un produit simple, optimisé, régulier, “instagrammable” parfois… mais pas inoubliable.

La question de l’attention

L’enjeu pour nous, concepteurs, n’est plus : “Faut-il capter l’attention ?”

Mais bien : “Peut-on créer des formats désirables, sans sacrifier la qualité, pensés pour ceux qui ne regardent qu’à moitié — et les fidéliser comme ça ?”

 

Vous avez deux heures. Merci, Netflix.

33 Rue Pierre Semard, 69600 Oullins-Pierre-Bénite

Made in Lyon

agence

étude de cas

insights

contact

Stratégie de contenu

Netflix et le

cheeseburger gourmet

Ce matin, en écoutant d'une oreille distraite France Info, je tombe sur un terme glaçant : blockbusters algorithmiques. Netflix dévoile un pan de sa stratégie — produire des films qui n’ont pas vocation à vous scotcher au fond du siège, mais plutôt à être suivis d’un œil distrait, en fond sonore.

Yannick Silvente

Stratège contenu - Fondateur

4 min de lecture

Insights production

2025

Blockbuster algorithmique

La consigne donnée aux scénaristes est limpide : faire en sorte que les personnages annoncent ce qu’ils sont en train de faire. Bref, un cinéma calibré pour ceux qui scrollent leur téléphone ou font la cuisine en parallèle.

 

Comme le résume le Guardian :

“A flood of formulaic and aesthetically generic films... prioritizing broad appeal, easy comprehension, and second-screen viewing compatibility.”

 

On parle de contenus “bâtis pour ne pas exiger une attention soutenue”. On maximise la consommation passive sans effort créatif audacieux.

 

The Electric State c’est l’exemple parfait : esthétique générique, scénario consensuel, pensé pour le plus grand nombre… et souvent regardé en diagonale. Derrière, ce sont les données qui dictent : clics, abandons, pauses, microcatégories populaires.

Pour les content managers, que retenir ?

C’est un pivot stratégique assumé : la facilité de consommation peut primer sur l’impact créatif. Et sur les réseaux sociaux, les créateurs ont déjà pris cette direction avec des formats lazy-friendly :

  • les lo-fi beats ou playlists chillhop qui tournent sans vraiment être “écoutées”,
  • les vidéos satisfaisantes ou ASMR (slime, savons découpés…),
  • les lives fleuves où l’on dessine, bricole ou colle des faux ongles.

Des contenus qui ne cherchent pas à capter… mais à accompagner.

 

La tentation est réelle, mais la pratique encore timide. Podcasts compagnons, formats de “présence douce”, lives permanents…Dans ce cas de figure la marque ne capte pas l’attention comme avec un spot percutant, mais elle accompagne. Elle devient compagnon de micro-moments, sans prétention ni interruption. Tout cela reste fébrile car il y a toujours la logique d'optimisation des campagnes qui plane dans les équipes créatives.

Désirabilité, usage ou qualité ?

On pourrait distinguer trois piliers pour nos futurs contenus qui seraient autant de paris sur la réussite du format (ou pas).

 

Désirabilité : Le format doit donner envie, même sans attention active — une intro accrocheuse, une ambiance identifiable, une thématique ultra-affinitaire..

 

Facilité d’usage : Le contenu doit être lazy-friendly : simple à lancer, à consommer, sans seuil d’entrée.

 

Qualité : Elle compte toujours. Même en fond, un son clair, une image soignée, une émotion subtile font revenir vos cibles plus facilement.

 

Le vrai défi est l’équilibre : Trop facile, le contenu devient inutile. Trop travaillé, il demande trop d’attention. Trop catchy, il ne permet pas de transformer.

C’est peut-être là que Netflix trace une piste avec son modèle de cheeseburger gourmet : un flux régulier de productions consensuelles, emballées proprement, suffisantes pour fidéliser.

Le cheese burger gourmet

Netflix a adopté il y a quelques années, ce qu’ils appellent le modèle du cheeseburger gourmet. Comme j’adore le recours à la métaphore, on va essayer de la filer. Le cheesburger Gourmet c’est donc :

 

Servir un produit de masse, mais présenté avec assez de soin pour donner l’illusion de qualité. Pas besoin de haute gastronomie (les chefs-d’œuvre du cinéma). L’important, c’est :

  • que ce soit immédiatement reconnaissable — on sait ce qu’on commande ;
  • facile à consommer — pas d’effort, avec les doigts ;
  • et assez “soigné” pour ne pas être déconsidéré — comme du fast-food bas de gamme.

 

Autrement dit, ce n’est pas un burger du McDo, mais ce n’est pas non plus un menu étoilé. C’est un équilibre un peu rassurant : un produit simple, optimisé, régulier, “instagrammable” parfois… mais pas inoubliable.

La question de l’attention

L’enjeu pour nous, concepteurs, n’est plus : “Faut-il capter l’attention ?”

Mais bien : “Peut-on créer des formats désirables, sans sacrifier la qualité, pensés pour ceux qui ne regardent qu’à moitié — et les fidéliser comme ça ?”

 

Vous avez deux heures. Merci, Netflix.

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